Témoignage de Jean-Pierre

Témoignage

Un témoignage de Jean-Pierre reçu avant le 26 novembre et publié avec son autorisation. Jean-Pierre aurait aimé être présent pour la rencontre du 26, mais les articles parus trop tard ne lui ont pas permis de modifier son emploi du temps. Il a toutefois tenu à nous faire part de son histoire.
J’ai volontairement enlevé les noms pouvant identifier les personnes.
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Le témoignage de Jean-Pierre

Je suis Jean-Pierre, Marié, 70 ans et j’habite à Mûrs-Érigné.

Je suis un ancien fumeur, à une époque je fumais 3 paquets de cigarettes par jour. Je n’avais besoin que de 2 allumettes par jour, tout en manipulant des additifs pour lubrifiants originaires l’usine L_____ de Rouen.
Mais par contre pour moi plus question de cigarette, car je pense que j’ai eu une chance et que je n’en aurai pas deux.
Je veux témoigner pour donner espoir aux personnes atteintes de ce cancer.

50 ans de tabagisme

Mon problème débute cinquante ans après ma première cigarette, exactement le samedi 13 Août 2011 à 12 h30 –
Tout a commencé par une admission aux urgences de la Clinique de l’Anjou à Angers.
Température 35°, tension de 6 avec une très forte transpiration.
Diagnostique : Infection pulmonaire.
Je ne me rendais pas bien compte de la gravité de mon état, le soir même pensant plus à ma pipe et à mon paquet de tabac, je voulais rentrer à la maison …
Heureusement prise en main de ma santé par un pneumologue dévoué Monsieur Patrick ___, qui me prescrit deux antibiotiques et me garde cinq jours dans le service de maternité (hé oui on est en période de vacances). Et je sors avec la résolution de ne plus toucher au tabac. Mon épouse, à ma demande, à tout fait disparaître à la maison – tabac, pipes, cendriers, allumettes, … –

L’annonce

Fin septembre radio de contrôle : la tache du mois d’août était partie mais une nouvelle dans la même région est apparue, une biopsie est pratiquée.
Patrick ___ m’annonce le verdict : « c’est un cancer ! il va falloir être courageux, je m’occupe du staff pour la suite ».
Immédiatement j’ai accepté la maladie et j’ai accepté de me faire soigner.
Je n’avais pas conscience de la suite, mais j’ai fait en sorte que cette maladie n’existe pas.
Moi, j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur ce pneumologue : je lui dois la vie. Il a été énergique car il s’est occupé de toutes mes analyses, les contrôles et tous mes rendez-vous (pneumologue, chirurgien). J’allais confier ma vie avec une entière confiance à des gens du monde médical que je ne connaissais pas.

Les examens

Début des visites à l’hôpital LARREY
L’album photo à commencé vu de face, de profil, et même en tranche de la pointe des pieds à ma calvitie … Divers examens, dont le contrôle de la capacité pulmonaire afin de s’assurer de sa suffisance après opération.
Mi octobre nouvelle rencontre avec le pneumologue, le Professeur ___ dimensionne sur l’écran de l’ordi la tache : 2,5cm x 3cm, mal placée car près des deux tuyauteries qui relient les lobes supérieur et inférieur du poumon gauche à la trachée, d’où risque de l’ablation complet du poumon gauche …
Mi novembre rencontre pour prise de rendez-vous avec le chirurgien, le Professeur ____, qui m’explique que lors de l’opération il n’enlèvera que le stricte nécessaire … je le crois. D’après son agenda il ne pouvait me prendre que mi-décembre, je lui expliquais que j’étais décidé et prêt pour l’opération … je l’ai convaincu, et un rendez-vous mardi 29 novembre fut pris, ouf … suivi de 3 semaines de récupération.

L’opération

On m’a pratiqué la pneumonectomie du poumon gauche – le plus petit – et supprimé le système lymphatique gauche pour enlever les doutes – corde vocale gauche endommagée (nerf récurent) – Jusqu’au lundi suivant j’ai eu droit à la réanimation intensive, l’enfer et le paradis à la fois … J’ai eu le sentiment que la vie s’amusait à tester mon seuil de tolérance à la douleur. La nuit ne dormant pas j’avais le temps de cogiter, ‘’l’autre côté du miroir’’ comme j’aime à l’appeler était proche. Seules les visites réglementées de mon épouse étaient acceptées …

La rééducation

Les 15 jours suivants je les passe en cardiologie thoracique de mon chirurgien, le professeur ____.
Début de rééducation. C’est LAURENCE, magnifique petite femme, qui 30 mn par jour me pratique la kiné respiratoire – exercice très éprouvant -. Un jour je lui ai demandé alors qu’elle examinait dans un flacon mes humeurs respiratoires :
« comment une jeune femme comme vous a choisi une telle spécialité de la kiné ?
– Parce que j’aime mon métier » me répondit-elle droit dans les yeux.
Durant mon séjour, j’ai rencontré du personnel médical formidable, qui a bien du mérite, il ne doit pas ‘’s’attacher’’ au malade ce qui ne doit pas être évident … Durant mon séjour j’ai tenu à être agréable le plus possible, on me l’a bien rendu.

Garder le moral

J’ai une anecdote, cette opération nécessite de toujours dormir sur le dos, alors un matin mon infirmière ‘’préférée’’ vient me réveiller à 6 h du matin, je lui confie : « cette nuit je me suis fait un petit plaisir personnel ! » je la voie changer de couleur, et je lui explique : « Oui, je me suis permis durant un quart d’heure de me coucher sur le côté, ça m’a fait un grand plaisir » – Rires.
Les matins pendant le ménage de ma chambre, je circulais dans les couloirs en guise d’exercice. L’après-midi exercices respiratoires. Ainsi j’ai pris du poil de la bête.
Le plus important : garder le moral et surtout être entouré de ses proches. Durant mon séjour j’ai eu la visite de ma famille, de mes amis, également ce que j’ai énormément apprécié est celle de mon médecin de famille et celle du Docteur ___.
Le samedi 21 décembre 2011 c’est la sortie. Je suis content de rentrer à la maison après 3 semaines d’hospitalisation.

La chimiothérapie

Le service de pneumologie m’a remis à ma sortie le protocole de chimio sur 3 mois en 4 cycles de 2 séances avec implantation de site. Le traitement au départ, quand on voit le protocole, on se dit : c’est lourd ! Fréquence : en 1er mardi un lourd (2 produits) ; 8 jours plus tard une petite (1 produit) ; 15 jours plus tard (2 produits) …
A chaque soin la fatigue s’accumulant, je me disais : comment je vais la passer ?
Mais sachez que la guérison vient des traitements, mais aussi du moral.
Les effets secondaires de la chimiothérapie se font ressentir au bout de 3 ou 4 jours. Nausée, etc… Toutes les odeurs me gênaient, j’ai perdu 12 kg en 3 mois. Je ne pouvais pas manger. Le docteur Nathalie ___, responsable au service de pneumologie, m’a fait connaître les compléments alimentaires, et tellement reconnaissant de pouvoir me nourrir je lui soufflais, pour la remercier, un jour de chimio : « Si j’étais en meilleure forme, madame je vous offrirais bien volontiers un chocolat au café Pouchkine … » ce qui a bien détendu l’atmosphère.

Café Pouchkine
Le café Pouchkine

Une autre fois elle m’examinait elle me dit :
« Retirez votre chemise pour que j’écoute vos poumons.
– Combien de S mettez vous à poumon docteur ? » éclats de rire fut sa réponse.
C’est ridicule me direz-vous, mais sur le coup ça fait du bien.
On sait que pour le patient ce n’est pas drôle, mais pour le personnel soignant, il est indispensable de leur témoigner de la gentillesse et de la reconnaissance.

Quelques jours après la pose du site – petite boîte glissée sous la peau, dans laquelle sont injectés les produits de chimio, et par un fin tuyau vont directement aux cœur, ce qui évite d’endommager le circuit veineux – se déclare une phlébite dans le bras droit, passage chez le phlébologue, qui me conseille de passer une échographie pour ma glande thyroïde… Mes journées étaient bien remplies entre la kiné, l’orthophoniste,… Durant toute la chimio j’ai pratiqué la marche avec des amis.
Il ne faut pas s’isoler, rester dans la maladie, s’enfermer à la maison. Il faut garder le moral et surtout ne pas être isolé…

Sensibilité des animaux

Également je tiens à ajouter la sensibilité des animaux. Je possède depuis une dizaine d’année un chat qui m’a témoigné de l’empathie durant ma chimio. L’après-midi j’avais l’habitude de me reposer, il venait de lui même s’allonger le long de mon côté opéré sa tête sur ma poitrine et il restait ainsi de longs moments. Qu’en penser ?

Je ne suis pas enceinte

De cette opération le corps ne reste pas inactif, il y a de l’évolution, la nature a horreur du vide dit-on. L’emplacement du poumon s’est emplie de liquide, et au début je sentais des ‘’choses’’ bouger, j’en fais part au professeur ___, qui m’assure que je ne suis pas enceinte, je m’en doutais un peu.

Il ne faut jamais baisser les bras

Finalement, l’opération a été moins douloureuse que toute la chimiothérapie. Aujourd’hui (pratiquement 18 mois après l’opération) je vais bien. Ca n’a pas été facile tous les jours après la chimio. Il ne faut jamais baisser les bras, aller toujours de l’avant.
Preuve que tout va bien fin janvier 2013 mon site m’a été retiré …
Depuis juin de l’an dernier, ayant mal aux glandes mammaires (douleurs dues à la chimio, l’opération ?…). Le mois dernier : Analyses de sang pour test hormonal, suivies d’une batterie d’examens : mammographie, échographies haut et bas.
Aux dernières nouvelles vous pouvez toujours m’appeler Jean-Pierre.
Tous les six mois je vais avec confiance passer mes visites de contrôle chez le professeur ___ à l’hôpital LARREY.

Pour conclure

Ce que je veux dire aux personnes atteintes de ce cancer, c’est qu’il y a toujours de l’espoir. Il faut se battre, ne surtout pas se laisser aller.
J’espère que mon témoignage fera du bien aux personnes qui cherchent le réconfort.
AVRIL 2013

Je reprends à ma sauce un joli vœu de Bernard Pivot :
Je vous souhaite pour l’avenir le moindre de ce que vous pouvez craindre et le meilleur de ce que vous pouvez souhaiter !


Voilà, j’espère que vous avez apprécié ce beau témoignage de Jean-pierre qui prouve que l’on peut survivre à un cancer du poumon.
Merci pour son autorisation de publication.

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